Clément P. Sawadogo, a été respectivement conseiller economique et sociale, directeur général de la Radio et Télévision du Burkina Faso (RTBF) et Directeur de Cabinet du Premier Ministre, avant d'être nommé Secrétaire général du Gouvernement et du Conseil des ministres en Septembre 2005. Quelques mois plus tard, il est nommé ministre de l'administration territoriale et de la décentralisation, (le 6 Janvier 2006).
Depuis le 12 Janvier 2016, il a été nommé ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale.
Pourriez-vous nous présenter votre structure et le rôle qu'elle joue ?
Je suis à la tête du Département Ministériel qui est le Département de la Fonction Publique, du Travail et de la Protection Sociale. C'est la conjonction de deux anciens Départements, l'un qui s'occupait de la gestion des fonctionnaires c'est-à-dire de la fonction publique et l'autre qui s'occupait du volet travail et sécurité sociale. Le dénominateur commun de ces deux Départements c'est qu'il s'agit de questions liées au travail dans son ensemble aussi bien dans l'administration publique que dans le secteur privé, d'une manière générale dans la société Burkinabé.
Mon Département comporte trois grands volets comme précisé dans son intitulé, il ya le volet gestion de la fonction publique : L'Etat, le volet administration du travail, inspection du travail, direction générale du travail, et enfin le volet qui à trait à la protection sociale qui dans notre pays est essentiellement constitué des Institutions de sécurité sociales. A l'heure actuelle il ya deux grandes institutions, la caisse nationale de sécurité sociale qui gère les retraites, les allocations, les prestations sociales des travailleurs du secteur privé et la caisse autonome de retraite des fonctionnaires qui gère les retraites et prestations sociales des fonctionnaires de l'Etat y compris Les militaires et paramilitaires.
Quelle est la situation actuelle du Burkina Faso en matière de couverture santé et quelles sont les perspectives d'évolution ?
La couverture santé jusqu'à un passé récent on peut le dire était assez médiocre mais les formations sanitaires évoluent, leur nombre est de plus en plus croissant avec la mise en œuvre sur les dernières décennies du Programme National de Développement Sanitaire (PNDS) par le Ministère en charge de la santé. Ce programme a permis de construire des centres de santé primaires, des centres médicaux, des centres médicaux avec antenne chirurgicale et des hôpitaux notamment les hôpitaux régionaux et deux grands CHU à Ouagadougou et à Bobo Dioulasso. Le taux de fréquentation par la population de ces formations sanitaires reste encore bas pour deux raisons : d'une part il ya la faiblesse des revenus, la plupart de nos concitoyens dans les zones rurales n'ont pas les moyens d'aller se faire soigner dans formations sanitaires, ils préfèrent donc aller voir un tradi-praticien qui ne réclamera que quelques francs symboliques ou quelques noix de colas. D'autre part, beaucoup de femmes en milieu rural accouchent encore au sein de leurs concessions, de leurs cases ce qui est extrêmement grave. Pour palier à cette situation, le nouveau gouvernement a décidé de mettre sur pied un dispositif qui permet de concrétiser un engagement fort du Chef de l'Etat dans son programme de campagne qui est de rendre gratuit les soins de santé pour les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans.
L'engagement est en cours de réalisation, aujourd'hui les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5ans peuvent aller se faire consulter et se faire soigner gratuitement dans les formations sanitaires publiques. On note une grande évolution ces derniers mois, il ya eu une phase pilote et maintenant nous sommes a la phase de généralisation. Nous avançons vers un autre dispositif tout aussi révolutionnaire qui est celui de l'assurance maladie universelle, géré par mon Département qui s'occupe du volet protection sociale, une structure travaille à mettre sur pied ce dispositif.
En septembre 2015, le gouvernement de la transition politique a pris une loi qui a été votée par l'assemblée nationale de l'époque qui crée l'assurance maladie universelle et qui prévoit également la création d'une caisse de l'assurance maladie universelle. Il nous revient d'opérationnaliser ce dispositif juridique et nous sommes sur ce vaste chantier qui nous amène à solliciter toutes les expertises connues en la matière et a mobiliser de grandes ressources pour pouvoir permettre le démarrage effectif de la couverture sanitaire par l'assurance maladie universelle dès le début de l'année 2017.
D'après vous, quels rôles devront jouer les mutuelles, dans l'extension de la couverture santé au Burkina Faso ?
D'abord il faut remarquer que le mouvement mutualiste au Burkina Faso n'est pas très ancien, en plus il n'est pas encore très étendu. Il a cependant du mérite parce qu'il commence à prendre véritablement corps dans certaines régions du pays de sorte que l'on puisse vraiment dire qu'il représente le mouvement d'avenir malgré sa jeunesse. Nous pensons qu'avec l'assurance maladie universelle qui est notre projet phare en matière de couverture sanitaire, ce mouvement est appelé à se développer et à servir de tremplin pour la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle. Je voudrais ici exprimer ma reconnaissance aux pionniers de ce mouvement qui se battent sur le terrain pour faire comprendre à la population l'intérêt d'adhérer à un mouvement mutualiste en matière de santé parce que c'est aussi une opportunité pour chacun de faire face aux risques de santé pour soi même et sa famille. Ce travail va donc faciliter la tâche au gouvernement et d'une manière générale au système de mise en œuvre de l'assurance maladie universelle. En effet nous allons pouvoir nous appuyer sur l'expérience que les mutuelles ont déjà capitalisée sur le terrain. Ces mutuelles nous offres également l'occasion, par un système d'intermédiation et de coordination avec elle, de rendre effectif sur le terrain le mécanisme de prise en charge des soins au niveau de la population. C'est un mouvement d'avenir avec lequel nous comptons pouvoir atteindre nos objectifs en la matière.