Doumbouya Mamady est Inspecteur du travail de profession. Aujourd'hui Directeur général de l'Institut Nationale d'Assurance Maladie Obligatoire (Inamo) des agents civils de l'Etat de la Guinée Conakry, il nous explique dans quel contexte l'Inamo a été crée, ses missions, difficultés et objectifs.
Comment la Guinée (Conakry) en est elle arrivée à la création de l'Inamo ?
La création de cette institution est une volonté politique de notre gouvernement, visant à corriger une injustice sociale. En effet, depuis 1960, il n'y a que 3 % de la population, qui sont couverts par une assurance maladie et cette partie ne concerne que les travailleurs du secteur privé et mixte de Guinée. L'Inamo entre donc dans le cadre du respect des engagements pris par le pouvoir exécutif en place, qui a promis de mettre en place un système d'assurance maladie en Guinée. Cette assurance sera à terme, une assurance universelle. Mais, il faut évoluer pas à pas. Du secteur mixte, nous avons créé l'Institut National d'Assurance maladie obligatoire pour les fonctionnaires et agents civils de l'Etat (contractuels permanents, les contractuels des collectivités décentralisées et les retraités de l'Etat).
Pouvez-vous nous présenter votre structure et les principaux défis auxquels vous avez à faire face ?
Cette institution a été créée il y a à peu près 2 ans. Son objectif est d'assurer de manière totale la population guinéenne concernant le risque santé, après les secteurs actifs (privé ou public). Nous sommes une structure naissante qui va certainement s'opérationnaliser dans les mois à venir. Pour toute institution de notre catégorie, il y a d'abord la phase de l'acceptation des partenaires sociaux et des assurés qui vont constituer le champ d'application. Nous les sensibiliserons, afin qu'ils comprennent l'objectif de la cotisation quotidienne ou mensuel, et par extension, l'assurance maladie. Avouons que cette tâche ne sera pas aisée. La seconde difficulté c'est la capitalisation. On dit souvent que ce sont les plus nantis qui payent pour les moins nantis. En effet, il nous faut capitaliser des sommes qui disparaisse rapidement, étant donné qu'on ne peut prévoir ni la maladie ni le nombre personne qui pourraient être atteintes par la maladie. La Guinée démarre avec environ 140.000 assurés et ayants droits. Ce sera notre point de départ. Si nous prenons 5 personnes par assuré (fonctionnaire plus ayant droit), cela risque de nous couter énormément. La capitalisation est une de nos préoccupations. On se demande jusqu'ou le budget local pourrait nous permettre d'atteindre nos objectifs. Nous sommes donc dans une phase de recherche de subvention ou d'apport de capitaux étrangers.
A ce stade de votre évolution, qu'elles sont vos attentes, et perspectives à court long et moyen terme ?
Dans un premier temps, nous attendons beaucoup de la coopération Nord-sud. Nous attendons particulièrement qu'elle nous ouvre les portes de la mutualité, née des dizaines d'année avant notre création. Le régime obligatoire qui concerne une partie de la population active et qui va couvrir les ayant droits de ceux-ci, va concerner déjà un grand nombre de la population. Les mutuelles sont des entités qui pourraient être des pass pour nous, afin d'atteindre les autres branches de la population. Les mutuelles sont souvent sectorielles ou régionales. Nous croyons que chacun trouvera son compte à travers ces regroupements qui seront tôt ou tard liés à l'Inamo et ainsi le gouvernement guinéen arrivera à couvrir tout le pays.
Il nous faudra donc passer par les mutuelles pour atteindre le reste de la population qui ne fera pas partie des 140.000 fonctionnaires en plus de leurs ayants droit de départ. Quant à nos perspectives, il faut souligner que nous sortons d'une grève des syndicats ou l'accent a été mis sur l'opérationnalisation de l'Inamo. Nous avions des difficultés infrastructurelles au départ, des difficultés budgétaires, mais qui seront définitivement réglés. Bientôt, la campagne de sensibilisation nous permettra d'apprécier l'adhésion des assurés et de là, accepter les cotes parts des uns et des autres, formaliser dans une réglementation. Puis, nous procéderons au précompte jusqu'en fin d'année pour pouvoir faire asseoir un capital qui pourra nous permettre de démarrer la prise en charge des assurés et ayants droits.
D'un autre coté, nous avons le recrutement du personnel et la formation qui est pour nous une priorité. Nous sommes ouverts aux autres institutions qui voudraient nous apporter leur expertise, et contribution pour que la CMU soit une réalité dans notre pays.