Jean Luc Penot est responsable du master gouvernance mutualiste de l'Université de Versailles Saint Quentin. A ce titre, il en coordonne les programmes de formation et participe au développement de programmes de recherche. Il représente auprès des mutuelles africaines, l'Université de Versailles St Quentin, porteuse d'un projet de formation certifiée à destination des administrateurs mutualistes. C'est dans cette optique qu'il a rencontré le 16 juin 2016 les administrateurs de la Mugef-ci.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la formation que vous proposez aux mutualistes africains et à qui cette formation est adressée ?
Nous développons des programmes de formation à l'endroit des mutuelles à partir de ce que nous avons fait en France avec la Mutuelle générale de l'Éducation nationale (MGEN) en France. En effet, nous avons développé des programmes certifiant pour des administrateurs. L'idée avec nos partenaires qu'il s'agisse de PASS ou Masmut, c'est de voir comment dans certain pays, nous pouvons implémenter des formations pour des élus des mutuelles.
Nous avons déjà réalisé un programme au Burkina, qui était de former des inspecteurs du travail (une cinquantaine) sous l'égide du ministère de la santé. Nous sommes en développement d'un programme de formation avec la MUGEF-CI sur des certificats de formation à la fois pour les cadres et les administrateurs.
A terme, nous comptons nous rapprocher de l'UEMOA pour voir comment toutes les zones pourraient être couvertes. Notre vocation en tant qu'université est uniquement d'initier un process et de trouver des partenaires de formation. Et c'est ce que nous faisons à Abidjan avec l'Université Houphouët Boigny. Nous regardons au Burkina comment faire de la même façon et par la suite, pour chaque pays de la zone. Si nous sommes sollicités, nous verrons comment implémenter ce système. Techniquement, il s'agit de délivrer des certificats de formation qui reprennent des compétences d'administrateurs, dans deux domaines qui sont : -offre et stratégie de développement de la mutuelle -économie, gestion finance. Précisons que cette formation n'est pas que pour les élus. La mutualité est une question d'engagement. Et si l'élection fait la légitimité d'un administrateur, il y a en même temps le besoin d'un engagement à se former. Comme les autorités de contrôle sont crées dans chaque pays, les mutualistes, quelque soit leur degré, vont devoir justifier leur formation. Notre propos n'est pas d'expliquer comment gérer une mutuelle, mais plutôt de monter une ingénierie de formation qui va faire prendre conscience aux administrateurs, de leur besoin de se former pour être en interface avec les techniciens qui développent les mutuelles. L'approche c'est de montrer que dans une mutuelle il y a, à la fois un besoin d'élus (c'est le fonctionnement des mutuelles), et un besoin de techniciens. Il faudra de ce fait que les administrateurs arrivent à dialoguer avec les techniciens. Pour ce faire, Il faut leur donner un niveau de connaissances sur ce qu'est une mutuelle.
A combien s'élève le coût de la formation ?
Il n'y a pas de coût spécifique pour le moment, c'est un peu trop tôt. Tout dépend des programmes qui y seront associés.
Il n'y a pas de modèle type, mais l'idée principale consiste à dispenser sur place des formations assorties de certificats. Ceci permet d'éviter aux mutualistes d'engager de grands frais pour suivre un master en France.
L'objectif des certificats est de rendre accessible, à l'ensemble du mouvement mutualiste, ces formations, qui ont vocation à durer 3 jours.
Pour la Côte d'Ivoire quelles seront les retombées de cette formation ?
La Côte d'Ivoire évolue très vite en termes de développement. La constitution de la mutualité ivoirienne était un fait politique important. L'idée c'est de démontrer à travers nos actions avec la Mutuelle générale des fonctionnaires et Agents de l'Etat de Côte d'Ivoire (MUGEF-CI), et nos projets avec l'UNMCI (Union Nationale de la Mutualité de Côte d'Ivoire), ce que nous serons à même de faire pour d'autres mutuelles dans l'UEMOA. Nous comptons sur l'effet de démonstration.
Je crois beaucoup à l'idée du partage d'expérience. Il y a certainement des expériences faites dans d'autres pays. Il s'agit de les mettre à niveau et d'échanger.
Il faut que le mouvement mutualiste africain se projette dans l'avenir. Et Je crois en l'avenir de la mutualité en Afrique. D'ailleurs historiquement, la mutualité est africaine avec des mécanismes tels que la tontine. Maintenant, il faut structurer ce mouvement. L'expérience de la MUGEF-CI est importante, l'expérience avec la fédération sera aussi très importante, de même qu'avec l'UEMOA.