Pouvez-vous nous expliquer ce que c'est que le PASS et nous parler de ses actions et de leur l'utilité ?
Le PASS est le Programme d'Appui aux Stratégies Sociales. Nous sommes un p'le d'expertise en santé et protection sociale à but non lucratif soutenu par deux groupements mutualistes français, le groupe Vyv et la Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF).
Le PASS est basé depuis 2015 en C'te d'Ivoire d'où il étend son intervention en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale. Les activités du Pass couvrent l'appui aux mutuelles sociales (audit, conseil, formation, structuration), l'appui au renforcement des politiques et systèmes de santé et de protection sociale bâtis en lien avec les politiques publiques et la promotion du développement durable.
Pour améliorer les socles de protection sociale dans les pays où nous intervenons nous sommes emmenés à imaginer des partenariats innovants qui créent les synergies qui sont nécessaires.
Nous travaillons sur les politiques de santé, de protection sociale et de développement durable. C'est donc à ce titre que nous nous rapprochons de diverses institutions de sorte à grouper des actions vers les mêmes objectifs. En ce sens, nous construisons le dialogue avec les partenaires publics, notamment le Ministère de la Protection sociale, le Ministère de la Santé, le Ministère de l'Intérieur, le Ministère de la Famille et de la Solidarité dans les pays où nous intervenons. Nous travaillons également avec le privé.
Nous essayons de faire en sorte que les entreprises, dans le cadre de leur responsabilité sociale, puissent s'intéresser aux questions de santé, de protection sociale et de développement durable. Nous les encourageons à imaginer des actions concertées avec l'Etat. Nous travaillons aussi avec les communautés qui ne sont pas toujours outillées pour remplir les missions qui leur sont confiées dans le cadre de certains mandats associatifs, de coopératifs, mutualistes.
Pour y parvenir nous faisons du renforcement de capacité une priorité. Ce qui permet aux populations de détenir les clés de compréhension et les outils qui vont leur permettre d'être plus efficaces sur le terrain.
Depuis 7 ans, nous sommes opérationnels dans la sous-région à partir d'Abidjan et durant les trois dernières années, nous avons multiplié les cadres de partenariat pour que nous puissions avoir les ancrages nécessaires pour réaliser l'ensemble de nos appuis.
Avez-vous atteint les objectifs que vous vous êtes fixés après toutes ces années de présence sur le terrain ?
En termes stratégiques, les objectifs sont atteints parce qu'il s'agissait de faire en sorte que le PASS devienne partenaire crédible pour les institutions qui souhaiteraient s'appuyer sur le PASS pour renforcer leur politique. L'ensemble des partenariats qui ont été signés constituent des objectifs qui sont atteints. Nous faisons en sorte que nos partenariats se construisent autour de projets concrets. Le dialogue que nous avons avec nos partenaires nous a permis d'isoler une dizaine de projets sur lesquels nous sommes en train d'avancer.
Depuis ces trois dernières années, nous avons été concrets en organisant plusieurs ateliers à l'endroit des dirigeants de coopératives et de mutuelles. Nous avons lancé à Abidjan, une formation en master2 professionnel pour des cadres en assurance, Prévoyance et mutualité. C'est un masterà vocation régional qui a été mis en place en partenariat avec la Fédération Nationale de la Mutualité Française, l'université de la Sorbonne et l'Institut national polytechnique Houphouët Boigny d'Abidjan. Il accueille aussi bien des étudiants en formation initiale que des cadres en activité.
Par ailleurs nous avançons sur la mobilisation des ressources pour le financement d'un certain nombre de projets. Nous pensons donc que les objectifs sont atteints.
L'une des missions que votre Institution s'est assignée c'est le renforcement des capacités de représentants de vos partenaires qui sont à leur tour chargés de répercuter les enseignements au sein de leur communauté. Pensez-vous que ceux-là sont à la hauteur de vos attentes ?
C'est tout le sens du travail que nous sommes en train de faire. Sur les métiers où il n'y a pas les expertises qui sont nécessaires, il y a besoin d'avoir un renforcement de capacité. La plupart du temps, les cadres dont nous renforçons les capacités deviennent dans leurs institutions des accélérateurs de réformes. Nous pensons que ceux qui sont passés par notre tunnel de formation sont aujourd'hui, pour la plupart, dans leurs institutions, des acteurs de changement.
Vous avez signé un partenariat récemment avec les collectivités décentralisées, qu'est-ce que vous attendez véritablement à travers cet acte que vous avez posé ?
Ce partenariat est un partenariat central. Il y a un agenda mondial en matière de développement durable qui arrivera à échéance en 2030. Sur les objectifs qui ont été définis, il y a eu des avancées sur un certain nombre de points. Cependant sur d'autres points, beaucoup reste encore à faire de sorte qu'on se demande si dans 8 ans, les autres objectifs seront atteints. Ce que nous disons simplement, c'est que beaucoup d'agoras et de fora ont indiqué que l'atteinte des ODD ne peut passer que par la localisation des objectifs de développement durable. Il faut que les collectivités locales puissent s'approprier les ODD. Le défi majeur, c'était celui de la compréhension des ODD, des mécanismes et des leviers à actionner pour les atteindre. Nous avons été particulièrement et agréablement surpris par l'accueil qui a été réservé à cette démarche. C'est un dialogue qui a duré à peu près an et demi et qui a permis d'aboutir à ce partenariat qui vise à renforcer la capacité des collectivités locales de jouer un r'le dans l'atteinte des objectifs de développement durable. Le chantier assez vaste et nous avons choisi comme clé d'entrée la santé.
Pensez-vous qu'à l'issue des 8 ans restants, le PASS pourra atteindre ses objectifs vu les besoins accrus ?
Ce serait très prétentieux de déclarer que le PASS et ses partenaires pourraient les atteindre. L'atteinte des objectifs durables fait intervenir plusieurs acteurs. Nous allons faire notre part. Notre domaine de spécialité, c'est la santé, la protection sociale, et le développement durable, qui sont des domaines importants pour l'amélioration des indices de développement humain dans les territoires. Nous allons essayer d'accélérer une dynamique qui a déjà commencé via la création de diverses synergiesd'actions et la mobilisation de partenaires sur des stratégies innovantes. Nous espérons que grâce à ces synergies innovantes dans la localisation des ODD, nous allons arriver à faire des bonds significatifs si chaque partenaire joue sa partition.
Est-ce que vous avez le retour de terrain en ce qui concerne les actions menées par les mutuelles dont vous renforcez les capacités auprès de leur communauté ?
D'une façon globale, le travail que nous avons fait jusqu'à présent est centré sur la ville d'Abidjan. Les structures avec lesquelles nous travaillons ont démontré que pendant les 07 dernières années, les renforcements que nous avons faits ont porté des fruits. Des mutuelles ont multiplié par deux ou par trois leur surface financière. On peut donc dire dans ce sens que le renforcement des capacités a payé. A travers des voyages d'étude, des renforcements des capacités, etc., ils ont pu capter un certain nombre de stratégies qu'ils ont adapté au sein de leur mutuelle, ce qui a permis d'améliorer leur patientèleet leur attractivité. A partir du moment où ils sont devenus plus attractifs et gérés de façon plus professionnelle, cela a mis en confiance leur cible qui vient massivement souscrire aux produits qu'ils proposent.
Sur l'appui aux politiques publiques de santé, de protection sociale et de développement durable, nous n'en sommes qu'à nos début et il faut dire que le dialogue à mettre en place est souvent long pour construire des politiques solides. Nous sommes au début de ce processus, avec un bon rythme. Nous espérons que d'ici trois ans, nous allons évaluer les résultats de l'appui que nous apportons sur les politiques publiques de santé, de protection sociale et de développement durable.
Vu que vos actions de terrain nécessitent la mobilisation de partenaires et de fonds pour vous accompagner, avez-vous prévu l'aspect suivi-évaluation pour les rendre plus efficace ?
La dimension suivi-évaluation qui est absolument intégrée dans nos démarches. Elle permet de s'assurer que les engagements pris sont tenus. Nous en sommes heureux parce qu'à cause de la crédibilité qui a été construite pendant ces dernières années, il y a de plus en plus de partenaires financiers qui nous font confiance et nous accompagnent, que ce soit dans le domaine de la mutualité ou dans l'appui aux politiques publiques, pour aller encore plus loin dans les pistes que nous ouvrons avec nos partenaires.
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