Pourriez-vous nous présenter votre structure et le rôle qu'elle joue ?
Le Secrétariat technique de l'assurance maladie universelle est, au Burkina Faso, la structure chargée de mettre en place un système d'assurance maladie durable qui prend en compte toutes les composantes de la société burkinabè. Le Gouvernement nous a assigné comme mission de poursuivre le processus de mise en place du système d'assurance maladie universelle.
Nous avons pris le relais du Comité de pilotage des études de faisabilité d'un système national d'assurance maladie mis en place en 2008. Le comité a conduit les études de base qui ont permis au Gouvernement de prendre la décision de franchir, ou non, le cap d'une reforme sociale majeure qui, si elle se réalise selon nos vœux, permettra à tous les Burkinabè de se soigner, sans avoir peur du coût des soins de santé.
La durée de vie d'une telle structure étant limitée, nous avons 5 ans au maximum, pour lancer un nouveau régime de prévoyance sociale avant de passer aussi le relais à un organisme permanent.
Quelle est la situation actuelle du Burkina Faso en matière de couverture santé et quelles sont les perspectives d'évolution ?
La couverture du risque maladie, en tant que régime de sécurité sociale, est très faible au Burkina Faso. Faible parce qu'il n'existe pas de couverture obligatoire avec un minimum de protection et de garanties accordées aux citoyens, bien que la santé et la sécurité sociale soient des droits reconnus par la Constitution. Faible parce qu'elle couvre en nombre bien peu de personnes : à peine 2% des Burkinabè bénéficient de services offerts par les assurances privées. Le reste de la population paie directement lorsqu'elle a recours aux services publics et privés de santé. Ces dépenses représentent en moyenne le tiers des dépenses de santé, si l'on consulte les Comptes nationaux de la santé.
S'agissant des perspectives, le Gouvernement a montré la voie en faisant le choix de mettre en place une structure chargée de réfléchir sur la mise en place d'un système qui mutualise le risque maladie entre tous les Burkinabè. Notre ambition est de mettre en place un projet qui structure la relation des populations avec l'offre de soins et qui permette, par la mutualisation du risque maladie, de rendre le coût supportable à chaque citoyen, puisqu'il a accès à un panier de soins commun à tous et contribuent en fonction de ses revenus.
Nous espérons le Gouvernement fera adopter au cours de cette année 2015, une loi qui fixera le cadre général d'un régime d'assurance maladie universelle. L'adoption de cette loi ouvrira la voie pour la mise en œuvre d'un plan d'opérationnalisation triennale. Nous souhaitons commencer par des expériences pilotes limitées à certaines zones géographiques du pays. Cette étape permettra de construire le système de gestion et de tester quelques paramètres techniques. Une fois cette phase accomplie, nous pourrons passer à la généralisation.
D'après vous, quel rôle devront jouer les mutuelles dans l'extension de la couverture santé ?
Comme vous le savez, une grande partie de nos populations évoluent dans l'économie informelle. Ce qui pose deux difficultés majeures.
Premièrement, organiser l'adhésion des acteurs de ce secteur qui est très varié. Comme vous le savez, vous y retrouvez aussi bien le grand commerçant bien établi, que le vendeur de bonbon, au coin de la rue. Deuxièmement, évaluer leur revenu afin de fixer leur cotisation à un régime de prévoyance sociale. Même le fisc n'y arrive pas de manière satisfaisante. Les services fiscaux utilisent des méthodes comme le forfait pour fixer leur impôt.
Les mutuelles sociales, en tant que cadre participatif, permet de fédérer, sur une base volontaire et consentie, les citoyens autour d'initiatives communautaires et de développement. En cela, les mutuelles constituent une opportunité de mobilisation et d'affiliation des acteurs de l'économie informelle à un système d'assurance maladie. C'est en tout cas l'option prise par le Burkina Faso dans son projet de mettre en place une assurance maladie volontaire.