Shaun Tarbuck a débuté sa carrière en tant qu'expert-comptable en 1987. Après avoir travaillé dans plusieurs entreprises, il intégre l'ICMIF en 1995. D'abord responsable Finance et Adhésion, il devient Directeur général en 2005.
Marié et père de 4 enfants, Shaun Tarbuck est un passionné de sport et en particulier le Rugby. Il a pratiqué ce sport jusqu'à l'âge de 30 ans, avant de devenir entraineur puis arbitre assermenté.
Il répond à nos questions.
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1/ Pouvez- vous nous présenter l'ICMIF ?
L'ICMIF a été fondée en 1922 par des assureurs coopératifs français, belges, suédois, italiens et hollandais. A l'origine, branche Assurance de l'Alliance Coopérative Internationale (ICA), l'ICMIF a pendant des années, été un lieu de réassurance pour ses membres.
En 1963, l'ICMIF s'est lancée dans la coopération au développement et s'est attelée à faire de la micro-assurance. Les membres de l'ICMIF des pays développés ont participé à la création de mutuelles dans les pays en développement en fournissant des ressources techniques et des savoir-faire. Cela a permis la création de 25 nouvelles mutuelles dont NTUC (Singapour) and CIC Kenya qui sont maintenant les plus grosses entreprises de leur marché..
En 1993, l'ICMIF a mis en place un secrétariat permanent sous la direction de Hans Dahlberg qui avait été le président de l'ICMIF et le PDG de Folksam. L'ICMIF a créé un département d'intelligence économique, un bulletin d'information et a commencé à organiser des réunions utiles pour ses membres. À l'époque, nous étions environ 70 membres issus de 45 pays. Aujourd'hui, un peu plus de 20 ans plus tard, l'ICMIF compte 230 membres venant de 71 pays qui représentent 6% du marché de l'assurance dans le monde.
2/ Quels sont les défis actuels de l'ICMIF ?
L'ICMIF se concentre aujourd'hui sur trois axes pour servir ses membres : le réseautage, l'expertise et l'influence. Cela fait partie du nouveau plan stratégique quadriennal lancé cette année.
La partie réseautage prévoit l'organisation de la conférence biennale qui vient de se terminer à Minneapolis aux Etats-Unis. La prochaine conférence aura lieu en Octobre 2017 à Londres.
La conférence de Minneapolis a été élue par les participants le meilleur évènement de l'ICMIF et a été exceptionnellement riche tant au niveau des intervenants, de l'ordre du jour que des moments de réseautage.
L'ICMIF organise plusieurs conférences annuelles ou bisannuelles spécialisées comme la conférence MORO pour les réassureurs (Londres – Juin 2016) ;la conférence Développement (Sri Lanka – Décembre 2015), la conférence de Takaful, la conférence sur le remboursement, ou encore la conférence annuelle ICMIF de la région des Amériques. L'année dernière, nous avons organisé des forums sur la législation, la communication et le développement de talents. Ces nouveaux évènements ont pour but de mettre à profit l'intelligence collective des membres de manière à ce que nos membres et le secteur en général restent innovants et à la pointe dans ces trois domaines. Sur les 15 derniers mois, nous avons organisé 8 de ces réunions dans plusieurs régions du monde. Cette année, nous avons attiré près de 800 personnes durant les 10 évènements que nous avons organisés. C'est notre meilleur taux de participation.
L'aspect intelligence économique ne cesse de se renforcer grâce à la rédaction de 20 rapports par an et à l'envoi de nombreuses lettres d'information, la plupart du temps en 4 langues. Notre Magazine VOICE, publié trois fois par an, ne comporte pas seulement de très bons articles de fond mais aussi des interviews régulières avec les leaders du marché de notre industrie. Nos rapports statistiques tels que La Part du Marché Mutualiste et Mutuelles : le Top 500 sont considérés comme une référence pour notre industrie en Europe, Amérique Latine, USA, France, Allemagne ou Royaume Uni. Les études Stratégie d'engagement des sociétaires et Les mutations des comportements des consommateurs donnent à nos membres des orientations stratégiques et le rapport Mutual and cooperative values sell (Convaincre avec les valeurs mutualistes et coopératives) montre des exemples de membres de l'ICMIF qui sont leader dans le domaine.
Grâce à toutes ces données et informations stratégiques et le réseautage toujours plus important, c'est sans surprise que les membres de l'ICMIF constituent la part de marché mondial de l'assurance qui a la plus forte croissance. Les primes ont augmenté de 37% depuis 2007 tandis que le marché a connu une croissance de 13% et le marché mutualiste de 31%.
L'activité d'influence est nouvelle au sein de l'ICMIF et a débuté il y a un an. Nous avons connu un succès important en permettant à la voie mutualiste de se faire entendre lors d'évènements internationaux d'ampleur cette année. Nous avons réussi à obtenir la tribune dans 4 des 5 conférences internationales durant ces 12 derniers mois. Cela a commencé par mon intervention au siège des Nations Unies lors du sommet sur le changement climatique à New-York en septembre dernier. Nous avons pu envoyer deux intervenants à la conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophes organisée par l'UNISDR à Sendai au Japon en mars. L'un des intervenants était Nelson Kuria de CIC Kenya qui a parlé de la micro -assurance. Plus tard, Sabbir Patel a présenté la stratégie de développement 5-5-5 de l'ICMIF lors de la conférence sur le financement du développement à Addis Abéba en Juillet. Enfin l'ICMIF enverra au moins deux tribuns à la Conférence COP 21 de Paris sur le changement climatique en décembre prochain à Paris.
Nous ne nous contentons pas seulement d'attirer l'attention grâce à des discours car il est tout aussi important d'être cité dans des publications. Dans ce domaine, nous avons dépassé nos espérances en étant mentionnés dans de nombreux rapports notamment dans le rapport des Nations Unies Trends in Private Sector Climate Finance (Tendances dans le financement du secteur privé pour lutter contre le changement climatique),dans le UN Inquiryinto the Design of a Sustainable Financial System (Enquête des Nations Unies pourla mise en place d'un système financier durable), et dans le B20 FinancingGrowth Policy Paper (Position du B20 sur les politiques de financement de la croissance). Par ailleurs, nous avons été cités dans le rapport de The Economist intitulé RethinkingRisk in a more Uncertain World (Repenser le risque dans un monde moins sûr).
L'un des rapports les plus pertinents est celui de l'université de Cambridge, co-écrit par Sebastian von Dahlen de l'IAIS (International Association of Insurance Supervisors) et Ana Gonzalez de l'Université de Cambridge intitulé : Insurance Regulation for Sustainable Development (Une législation de l'assurance pour le développement durable). Ce rapport met la lumière sur le rôle positif et négatif que la législation peut jouer dans la promotion de la micro -assurance. Cette étude reprend des exemples de membres de l'ICMIF des Philippines (exemples positifs) et d'Inde (exemples négatifs) à propos de l'impact du législateur sur les micro-assurances communautaires.
C'est grâce à la stratégie d'influence de l'ICMIF que nos membres ont pu être cités dans cette étude. Il y a eu d'autres rapports cette année qui ont montré l'impact positif de la micro -assurance en Philippines après que le Typhon Hyian a frappé le pays. Ces rapports ont encore une fois souligné le très bon travail fait par les membres de l'ICMIF.
Cette année, le G7 s'est fixé comme objectif d'assurer 400 millions de personnes en plus contre les risques de catastrophes d'ici à 2020en les rendant plus résistantes aux chocs. Pour relever le défi, le secteur public prendra en charge 300 millions de personnes via des programmes financés par les gouvernements comme par exemple la mutuelle African Risk Capacity (ARC). Le secteur privé prendra en charge 100 millions de citoyens. Avant cet appel du G7, l'ICMIF avait lancé sa propre stratégie de développement intitulée 5-5-5 qui a pour but de couvrir 25 millions de personnes supplémentaires par les micro-assureurs mutuels dans 5 pays dans les 5 ans à venir (2020). Par conséquent, notre objectif de 25 millions de personnes assurée en 2020 correspond à 25% de l'objectif du G7 pour le secteur privé. Nous annoncerons cette mesure à la conférence de la COP21 à Paris en décembre prochain.
L'ICMIF soutient le PASS, quelles sont vos attentes vis-à-vis de ce programme ?
L'ICMIF comme je vous le disais en amont, a une passion pour la coopération au développement depuis plus de 50 ans et c'est pourquoi nous soutenons les actions de PASS dans la région de l'UEMOA
Certes, les pays de la région UEMOA ne font pas partie des pays couverts par notre stratégie 5-5-5. Cependant, le travail réalisé par PASS dans cette zone pourrait être facilement intégré dans les données du secteur mutualiste car nous nous efforçons d'atteindre les 25 millions de personnes couvertes d'ici à 2020.
L'ICMIF est déjà reconnue à l'international pour atteindre des résultats et respecter ses engagements. Cela pourrait accroitre de manière significative la communication de l'ICMIF et surtout du secteur mutualiste dans la micro -assurance ou comme nous l'aimons l'appeler : l'assurance inclusive.
PASS réalise un excellent travail dans la région de l'UEMOA et ses succès gagnent à être intégrés dans un contexte plus global. Continuez comme ça !